Dans sa pièce de théâtre "Huis Clos", Jean-Paul SARTRE écrivait : "l’Enfer, c’est les Autres".
Si moi je n’ai rien à me reprocher/à cacher, mais que mon.ma voisin.e pense que tout le monde sauf lui.elle est suspect.e, alors nous sommes toutes et tous le.la suspect.e de quelqu’un !
Celles et ceux qui pensent encore ne pas être concerné.e car n’ayant rien à se reprocher quand une de nos libertés fondamentale est attaquée pour renforcer la surveillance générale au nom de la sacro-sainte "sécurité", ceux-là et celles-là ignorent un point essentiel : ce ne sera jamais moi qui déciderai de ce qu’on me reprochera ou non.
Tout dépendra de mon voisin ou de ma voisine, de mon employeur sur mon lieu de travail, et bien entendu du pouvoir en place dans ma localité, dans mon pays.
Dans un contexte de conflits armés qui s’étendent dans le monde, de réduction des ressources liée à la surexploitation de la planète, de montée de l’extrême droite aux États-Unis avec l’élection de TRUMP, en Argentine avec MILEI, en Hongrie avec ERDOGAN en Italie avec MELONI, en Israël avec NETANYAHU...... et en France avec un Gouvernement en place qui est à la merci de chaque retournement de veste du Rassemblement National, ou de pays qui sont des régimes autoritaires à tendance totalitaires comme la Chine ou la Russie, la question de savoir qui décide est centrale.
Beaucoup ont trop vite oublié que le simple fait d’être juif ou juive était en soi quelque chose à cacher sous le régime Nazi.
« Le leader en intelligence artificielle dominera le monde » (Vladimir POUTINE)
Site militant à voir absolument : https://jenairienacacher.fr/
Chanson "Rien à cacher" Médiapart en partenariat avec la Parisienne Libérée (si vous ne connaissez pas, foncez !)
Au Japon : un magasin utilise l’IA pour contrôler que ses salarié.e.s sourient
Chine : on vous conseille l’excellent documentaire "Tous surveillés 7 milliards de suspects" de Sylvain LOUVET
Dans son ouvrage "Circulez, la ville sous surveillance", le journaliste Thomas JUSQUIAME s’est infiltré dans une société qui vend des technologies de surveillance aux collectivités locales notamment. Il démontre parfaitement que ce qui est vendu par ces sociétés aux collectivités mais également à la population, c’est la "Smart City" et l’utilisation de l’IA pour fluidifier le trafic, surveiller les mauvais stationnements, ou les dépôts sauvages d’ordures.
C’est exactement l’argument avancé au début de ce reportage :
Comment s’y opposer sans se rappeler qu’avant, il y a avait des agent.e.s sur la voie publique pour réguler le trafic et le stationnement, et que, dans de nombreuses communes, les services de ramassage des ordures et des encombrants ont été réduits...
Ainsi, l’argument marketing de la "Smart City" cache souvent la vraie utilisation de ces outils : la surveillance généralisée.
Dans ce domaine, il y a les technologies autorisées et celles qui ne le sont pas : avez-vous entendu parler du logiciel israélien Briefcam ?. Malheureusement, cela évolue très vite depuis la loi d’exception des Jeux Olympiques de Paris 2024 qui a ouvert la voie la Vidéosurveillance Automatisée (VSA) sous prétexte que c’est moins pire que la reconnaissance faciale, et qui comme souvent, risque fort de modifier le droit commun.
Plus d’infos : https://www.laquadrature.net/biometrie-jo/
La mouture actuelle qui encadre la vidéosurveillance algorithmique n’autorise de détections que dans huit situations : la détection de la présence d’objets abandonnés, la détection d’armes, la circulation en sens inverse, le franchissement ou la présence dans une zone interdite, si une personne est au sol, s’il y a un mouvement de foule ou une densité de personnes trop importante ainsi qu’un départ de feu. Et la VSA n’est légale que lors d’événements importants – culturels, sportifs, etc… – et non pour des situations du quotidien.
Pour le moment...
Et quand les technologies, via des couches d’intelligence artificielle souvent déjà intégrées aux caméras en place (mais bon tant que ce n’est pas activé tout va bien, comme à Roubaix), permettent de cibler des comportements anormaux, de nombreuses mairies font très vite leur liste de ce qui est acceptable sur leur voie publique et de ce qui ne l’est pas, sachant que la police sera contactée par la caméra en cas de comportement suspect détecté.
Cf Vidéo de la Quadrature du Net suite au festival Technopolice de Montpellier : c’est pas de l’IA, c’est l’automatisation de l’État policier
Certaines communes ont même, en toute illégalité, décidé d’activer la VSA sans aucun respect de la réglementation en vigueur. C’est ce que révèle Streetpress pour la commune de Saint-Denis dont le maire (socialiste) estime qu’il « a été élu démocratiquement et est légitime pour prendre ce genre de décision ».
A Saint-Étienne, le Maire voulait écouter la rue grâce à des micros installés sur les feux tricolores. Ayant bien compris qu’il ne s’agissait pas là d’écouter les revendications exprimées en manifestations, l’opposition populaire a eu gain de cause. Mais bon, qui ne tente rien...
Parfois, ces couches sont (oups !) activées à l’insu du plein gré général, comme cela a été révélé par le journal Disclose qui a mis à jour un rapport du ministère de l’intérieur publié en catimini lundi 28 octobre 2024 qui confirme l’utilisation illégale par la police et la gendarmerie du logiciel Briefcam, entre 2015 et 2023, ce qui constitue l’une des plus graves atteintes à la vie privée en France ces dernières années.
Cela n’est pas sans rappeler l’arrêté pris par la Mairie d’Angoulême , heureusement attaqué par la Ligue des Droits de l’Homme qui l’a fait suspendre au TA !
Comme le rappelle cet article du Monde Diplomatique, la VSA permet également de toujours plus verbaliser, donc toujours plus faire rentrer d’argent dans les caisses des communes, argument très convaincant en période de disette budgétaire : "certes, la loi n’autorise pas qu’une intelligence artificielle verbalise une personne — un agent assermenté doit constater l’infraction —, mais la technique dite « de l’écran noir » qu’appliquent certains CSU permet de la contourner. Plus besoin de visionner une dizaine d’écrans en attendant de constater une infraction au code de la route. Il suffit à l’agent d’activer la fonctionnalité « stationnement gênant » ou « respect des feux tricolores » sur des zones stratégiques et d’attendre qu’un écran noir s’allume, signe que l’infraction vient d’être commise. Ce processus automatisé lui génère tous les éléments nécessaires à la rédaction de la contravention : le type d’infraction, l’identification du véhicule et l’heure du délit. Des logiciels de lecture automatique des plaques d’immatriculation (LAPI), dont l’usage n’est pourtant pas prévu à cet effet (9), facilitent encore le travail. Ainsi non seulement la vidéosurveillance algorithmique permet-elle d’industrialiser la détection d’infractions, mais elle fait également miroiter un retour sur investissement généré grâce aux amendes. L’argument fait mouche auprès des mairies."
En effet, la vidéosurveillance est bien plus efficace pour verbaliser tout le monde que pour résoudre des infractions ou encore pour vous "protéger" en cas d’agression physique ! En effet, personne à ce jour n’a vu de caméra descendre de son poteau pour faire fuir un agresseur !
Cette perte de capacité à être un véritable contre-pouvoir est décrite par Félix TRÉGUER dans son livre "Technopolice, la surveillance policière à l’ère de l’Intelligence artificielle" et, entre autres, lors de la conférence qu’il a donnée à Montpellier dans le cadre du festival Technopolice de novembre 2024, retransmise en vidéo :
Par exemple, la CNIL a publié sa décision concernant l’utilisation de filtres interdits sur les caméras par des communes et par les forces de police, suite à une action en justice à l’initiative de la Quadrature du Net, de la Ligue des Droits de l’Homme ou encore de l’Union Syndicale Solidaires..
Et voici l’analyse de cette décision par la Quadrature du Net, qui a surnommé au passage la CNIL la "CNUL" :

"Particulièrement défaillante sur les sujets liés à la surveillance d’État, la CNIL a encore manqué une occasion de s’affirmer comme véritable contre-pouvoir et, au passage, d’assurer la défense des droits humains. À l’occasion de l’examen de la proposition de loi sur la sécurité dans les transports, elle a ainsi plongé tête la première pour venir au secours des institutions policières et justifier leur utilisation d’un logiciel de vidéosurveillance algorithmique dite « a posteriori », telle que celle commercialisée par la société Briefcam. Si nous avions de moins en moins d’attentes envers la CNIL, nous ne pouvons aujourd’hui qu’acter ce constat : l’autorité se pense chaque jour davantage comme une institution d’accompagnement de l’« innovation » au service des start-ups et du pouvoir plutôt qu’une autorité de défense des droits."
Rappelons ici que dans une démocratie, c’est à l’accusation d’apporter les preuves de la culpabilité des suspect.e.s, pas à ces dernier.ère.s d’apporter les preuves de leur innocence. C’est tout le problème de la justice prédictive, celle dénoncée dans la fiction Minority Report de Steven SPIELBERG
Et plus le délire sécuritaire gagne du terrain, plus cette affirmation est difficile à appliquer, notamment du fait du fichage généralisé.
Au vu du nombre florissant de fichiers, administratifs ou ouvertement policiers (la page Wikipédia est très longue !), il y a de fortes probabilités pour tout le monde le soit ! Lire à ce propos cet article, et bien garder dans sa trousse d’autodéfense numérique ce site.
En effet, depuis plusieurs années, en dehors même des métadonnées que nous produisons et qui intéressent de près les GAFAM ou la NSA (révélations d’Edward SNOWDEN) car elles permettent d’abord d’identifier les liens que nous avons avec les autres.
Quel lien avec la surveillance ? Réponse : l’IA. "Briefcam met à disposition de ses client.e.s une option d’analyse rapide des heures d’enregistrement qui produit un condensé de quelques minutes sur un ou plusieurs individus ciblés. Et, si les multiples caractéristiques ne suffisent pas à identifier un sujet, l’opérateur.trice peut toujours activer la fonctionnalité de reconnaissance faciale. Quand la résolution de l’image le permet, le visage visé sera photographié puis importé dans la base de recherche et soumis à une « comparaison de visages » sur le flux vidéo. Dans le cas où la police disposerait de l’identité de la personne, le logiciel permet d’importer une photo issue des réseaux sociaux pour appliquer la comparaison faciale. En dernier recours, l’État français détient une base de données de dix-neuf millions de fiches (dont neuf millions de photos), le traitement d’antécédents judiciaires (TAJ) (10). L’éditeur a également prévu des commandes permettant d’effacer ces données biométriques en cas de contrôle inopiné…" (source Le Monde Diplomatique)
Enfin, il arrive (ô surprise !) que ces fichiers soient utilisés hors cadre, y compris les fichiers de victimes. C’est ce qu’a récemment révélé StreetPress après l’utilisation par la BAC du fichier d’antécédents judiciaires pour mettre la pression sur un manifestant qui avait été victime, plus jeune, de harcèlement scolaire !
Rassurons-nous : pour le moment, il est interdit de croiser les fichiers entre eux. Pour le moment.
Plusieurs voix rappellent aujourd’hui que ce n’est pas tant du Big Brother créé par Georges Orwell dans "1984" dont il faudrait se méfier aujourd’hui mais du "Meilleur des Mondes" d’Aldous Huxley " et du roman "Le procès" de Franz Kafka !
Enfin, nous l’aborderons dans une autre rubrique, rappelons-nous que les GAFAM et les États sont assez proches dans leurs petites habitudes de tonton TrucMuche qui garde tout et ne jette jamais rien car "ça peut toujours servir".
Le droit pourtant fondamental à l’oubli est quasi impossible à faire respecter sur Internet, c’est aussi le cas avec l’IA. Cette IA qui s’est nourrie pendant des années de vos données personnelles sur le net, sur vos réseaux sociaux selon le grand principe "quand c’est gratuit, c’est toi le produit", et qui ressert, parfois revend, vos données via des IA comme ChatGPT etc...
– la Quadrature du Net
– Amnesty International
– La Ligue des Droits de l’Homme
– L’Union Syndicale Solidaires
– Technopolice
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ET/OU REJOINDRE NOTRE SYNDICAT QUI, ICI COMME AU NATIONAL, DANS NOS COLLECTIVITÉS COMME PARTOUT DANS LE MONDE DU TRAVAIL ET DANS L’ESPACE PUBLIC, LUTTE DE DIVERSES MANIÈRES CONTRE LA TECHNO-SURVEILLANCE GÉNÉRALISÉE ET POUR LE RESPECT DE NOS LIBERTÉS FONDAMENTALES.