Et l’homme créa la secrétaire (52 min) : à voir jusqu’au 29/09/2025
Commentaire ARTE :
L’histoire passionnante et méconnue du métier de secrétaire, qui raconte l’évolution du travail au féminin, entre émancipation, invisibilisation et plafond de verre.
C’est un métier parmi les plus familiers, qui reste aussi parmi les plus méconnus. Une profession complexe, souvent réduite par nos imaginaires à un cliché, et, surtout, presque exclusivement réservée aux femmes… Le métier de secrétaire tel qu’on le connaît aujourd’hui voit ses origines se confondre avec les fondations du monde moderne. D’un côté, l’essor des démocraties s’accompagne d’une alphabétisation de masse et du besoin de retranscrire la parole publique ; de l’autre, la révolution industrielle et l’explosion de normes administratives accroissent la demande de petites mains dans les entreprises. Avec l’irruption, dans les années 1880, de la machine à écrire, qui emprunte tout à la fois à la machine à coudre et au piano – deux activités typiquement féminines –, la porte des bureaux s’ouvre à une masse de jeunes filles instruites et habiles de leurs mains, recrutées dans la petite et moyenne bourgeoisie et jusqu’alors exclues du marché du travail. Plus tard, de ces armées de sténodactylos, seules femmes dans un univers masculin, quelques-unes accèdent à un poste d’assistante au service exclusif d’un patron. La secrétaire au féminin est née, et avec elle, son plafond de verre et son lot de fantasmes… Après-guerre, un homme qui a réussi doit ainsi avoir une femme et une secrétaire – que d’aucuns surnomment la "deuxième épouse".
Mythe moderne
Michèle Dominici (Devenir Marilyn, L’histoire oubliée des femmes au foyer) s’attache dans ce documentaire dense et stimulant à mettre en lumière un pan essentiel de l’histoire sociale des femmes. La réalisatrice fait ainsi émerger les origines d’un véritable mythe moderne – écrit par et pour les hommes – sur une profession hautement spécialisée dont la dévalorisation a, comme bien souvent, accompagné la féminisation. Pour raconter cette histoire, la réalisatrice a réuni des femmes qui exercent ou ont exercé ce métier et qui témoignent d’un vécu commun et souvent ambivalent : il y est question de stéréotypes, de harcèlement sexuel et de mépris de classe, mais aussi, pour d’autres, d’émancipation et d’ascension sociale.
Article de Gérard Vindt "Histoire La machine à écrire et la dactylo" (30 Octobre 2018) : Un siècle avant l’ordinateur et les technologies numériques, la machine à écrire révolutionne le monde des bureaux (Alternatives Économiques)
Dans cet article, apparaît une première forme de télétravail (si on oublie toute le travail industriel à la tâche réalisé au foyer par de nombreuses femmes au 19ème siècle notamment) : Dans le même temps, la machine à écrire se perfectionne : Remington produit son premier modèle électrique en 1925, IBM en 1931. La machine se miniaturise aussi, devenant même portative, avec la Remington ou l’Olivetti. Si elle est née dans les grandes structures, la machine à écrire a gagné les petits bureaux, les petites administrations et les commissariats, où le policier de service peine parfois à taper avec un ou deux doigts la déposition d’un plaignant. Elle promeut aussi le travail à domicile : nombre d’auteurs, de chercheurs ne tapent pas et font appel à une dactylographe capable de lire leur écriture pour taper leurs écrits, car les éditeurs n’acceptent bientôt plus que des « tapuscrits ».
https://www.alternatives-economiques.fr/machine-a-ecrire-dactylo/00086486
Au conseil régional Occitanie, SUD avait dénoncé le remplacement des postes de secrétariats par Elise (tiens tiens, nom féminin pour un logiciel censé automatiser des fonctions de secrétariat) et rappelé que les missions de secrétariat sont bien plus vastes et qu’il n’est pas si simple de compter sur les outils logiciels pour remplacer leurs missions... Et si la perte de collectivité constatée aujourd’hui était aussi le fruit de ces suppressions de postes ?
Ce métier très féminin sera le premier à disparaître à cause de l’IA - 5 millions de salariés devront changer de poste (JDN 11/11/24)
Une étude de McKinsey révèle quel est le premier métier qui sera remplacé par l’IA. Et ce sont les secrétaires / assistants administratifs, un poste très répandu. Le cabinet désigne plus globalement les métiers supports et administratifs avec 5 millions de postes en moins en 2030 par rapport à 2022 en Europe. Une catégorie dont font également partie les métiers comptables, juridiques et des ressources humaines. En France, les secrétaires et assistants administratifs représentent plus de 600 000 personnes qui devront envisager une reconversion professionnelle. Ce chiffre est d’autant plus alarmant que ce métier est très largement féminisé, avec 98% de femmes parmi les effectifs.
Au total, 18% des postes actuels dans ce domaine sont menacés de disparition d’ici 2030. Cette profession, qui offrait jusqu’à présent une certaine stabilité avec 93% de CDI, se trouve aujourd’hui à un tournant critique. Les tâches traditionnellement effectuées par ces professionnels - traitement de données, organisation administrative, gestion documentaire - sont précisément celles que l’IA peut désormais accomplir avec efficacité.
La suite sur : https://www.journaldunet.com/management/emploi-cadres/1536135-bf1-metier-remplace-ia/
Autre article sur le même sujet : https://iamia.fr/les-femmes-en-premiere-ligne-5-millions-de-postes-menaces-par-lia-dans-un-secteur-au-feminin/